Le fertile terroir agricole des bords du Var

L’agriculture laurentine sera inspirée dés l’origine par la « trilogie méditerranéenne » de l’olivier, de la vigne et du blé.
Les premiers habitants des terres de l’embouchure du Var, les Ligures de la tribu des Oxybiens, cultivaient déjà la vigne et l’olivier au premier siècle avant J.C..
Cette tradition sera reprise avec vigueur après l’installation des colons romains. Des “ villae ” romaines implantées dans les quartiers ouests de la commune présentent alors des ensembles de bâtiments agricoles regroupés en exploitations organisées du sol. Les vestiges de l’une d’elles, datables du IIIème siècle après J.C., mis au jour en 1970, ainsi que des fragments de céramique et de briques, parsèment encore cette zone.
Mieux encore, des oliviers, témoins vivants de cette lointaine époque, se dressent encore majestueusement au début de l’avenue de Provence, ils attestent de la culture de cette espèce dans l’Antiquité.

La vigne, dont le nom d’un quartier “ Les Filagnes ” (plantation en rangées accouplées) remonte aussi au début de l’agriculture locale. Plus tard, elle sera confirmée par la renommée nationale de son vin délicat célébré par Mme de Sévigné jusqu’à la cour de France. Il s’agissait d’un vin muscat produit par les vignes des coteaux laurentins encore estimé en 1930.
En 1748, la guerre malmène les cultures. Une lettre du syndic signale que l’ennemi venu de l’autre côté du Var a coupé “ 3000 et quelques cent pieds d’oliviers, que toutes les vignes sont arrachées, à l’exception de quelques-unes qui étaient sur les hauteurs, et que tous les arbres fruitiers subirent le même sort ”.

Ces données dramatiques permettent d’évaluer la richesse agricole du terroir.
Le figuier, comme les autres cultures méditerranéennes, trouve ici très tôt un terrain d’élection, dans les limons chauds et humides des bords du Var, produisant des fruits appréciés grâce à des variétés sélectionnées. Les figues sèches regroupées en “ capouns ” parfumés au laurier et à l’anis serviront à équilibrer l’alimentation frugale des anciens.

Au Moyen Age, le recensement de 1471 signale les cultures du blé, du lin et du chanvre dans une économie rurale très autarcique.
Le repeuplement par la venue des colons de la proche Ligurie va impulser l’exploitation des terres, en particulier des “ Iscles ”, récupérées sur le lit divaguant du Var. Au XIXe siècle, cette zone s’avérera propice à la culture du tabac.

C’est l’époque où le chemin de fer évite le village tout simplement pour respecter un souhait des Laurentins désireux de protéger leurs figues des chapardages des ouvriers travaillant sur la voie ferrée. Avec le progrès, la réconciliation viendra lorsqu’un large figuier parasol abritera la guérite du garde barrière au passage à niveau proche de la Gare.

EDMOND ROSSI