150e anniversaire du rattachement du comté de Nice à la France (suite)

SAINT LAURENT ET « LE PONT DES « FRANÇAIS » AVANT 1860

Nous fêtons actuellement le 150e anniversaire du rattachement du comté de Nice à la France de 1860, l’occasion de rappeler le rôle stratégique de Saint Laurent du Var, sentinelle postée au bord du Var au bout de la France.

Au XIXème siècle, lorsque sera édifié le pont sur le Var, l’histoire de St. Laurent se déplace de quelques centaines de mètres au sud du vieux village, au fond de l’actuel Parc F. Layet (rond point des gueyeurs) où débouche la rue de l’ancien Pont.

Tout d’abord se diriger vers l’Est en longeant la façade nord du Gymnase pour aboutir sur la route du bord du Var.

On remarquera une borne cimentée de forme quadrangulaire portant sur sa face occidentale une inscription significative: « Pont des Français ». Elle était placée à l’entrée de l’ouvrage franchissant Var-frontière avant 1860.

L’ancien pont, aujourd’hui disparu, après une réapparition temporaire au cours de la dernière guerre, a donné son nom à la rue partant du Parc pour rejoindre l’ancienne mairie.

En remontant cette voie, nous remarquerons tout d’abord à droite au n° 77 une maison à piliers (Malanima): il s’agit de l’ancien poste de garde où les gendarmes contrôlaient les voyageurs traversant le pont. Des inscriptions anecdotiques gravées sur les rebords en ardoise des fenêtres du rez-de-chaussée rappellent les longues veilles des sentinelles désœuvrées.

Quelques mètres plus haut au n° 57, l’Auberge actuelle occupe les murs de l’ancien bâtiment des douanes. Au siècle passé, le n° 47 (actuel garage)  situé au dessus servait d’hôtel relais de Poste (ancien Hôtel Rondel). Les chambres de cette auberge abritèrent plus d’un voyageur de renom, mais aussi nombre de marchands et courtiers circulant en diligence entre Gênes, Nice et Marseille tout au long de la route côtière de 1792 à 1864 (date de l’ouverture du pont de chemin de fer). Plus haut, n° 43  l’ancien commissariat de police daté au fronton de 1880. Visiter la traverse qui contourne le corps de ces bâtiments, laquelle présente un long mur de soutènement fait de galets roulés du Var, en « museau de chat », typique de l’architecture laurentine.

En face au n° 54, un corps de bâtiments aux larges ouvertures servait de garage aux coupés et d’écuries aux chevaux. Les garages de cette rue reprennent dans ces lieux les activités traditionnelles du maréchal ferrant de jadis. De tels ateliers étaient liés au passage des attelages et aux réparations afférentes. Les chevaux se désaltéraient à la fontaine captée au haut de la rue aujourd’hui disparue.

La tradition rapporte qu’en mars 1796, un fringant général du nom de Bonaparte venant prendre à Nice le commandement de l’Armée d’Italie, aurait passé la nuit dans « la maison de la cruche d’or » située au premier étage du n° 54 (actuel centre des finances publiques).

La demeure la plus intéressante est sans conteste celle bâtie en haut et à gauche, sur un promontoire. Ce vaste bâtiment déjà visible sur une gravure de 1787 illustrant le voyage d’Albanis Beaumont était désigné par les laurentins sous le nom du « Casteou»; il dut servir d’habitation à une noble famille de la commune. Cet édifice est aujourd’hui restauré. Une pièce qui aurait servi de prison temporaire s’ouvre sur l’escalier faisant communiquer la maison avec la rue.

 Au n°8 le garage aux belles voûtes, achève la visite de cette artère témoin de la vitalité économique de St. Laurent au siècle passé.

 

EDMOND ROSSI

 

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