Dictons de l’an neuf
Naguère, que de pronostics, de prédictions, d’avis et de souhaits rimés en ce premier jour d’une nouvelle année ! L’immense majorité des dictons du Pays d’Azur est issue d’une tradition orale sans cesse renouvelée expliquant le rôle des almanachs populaires comme le Chiaravale destinés à être commentés aux veillées en cette période longue et difficile où la contrainte atmosphérique tyrannise l’homme.
Il y a d’abord une manière de raisonnement pratique comme le traduit le dicton nissart :
« L’an que vèn d’escoulà, saben cèn qu’èra, Per l’an que vèn, urous que toca terra. » (Nous savons ce qu’était l’an qui vient de s’écouler, Pour l’an à venir, heureux qui gardera les pieds sur terre.)
Il tombe sous le sens que les paysans scrutaient à leur façon l’avenir de l’an neuf et plus particulièrement ce qui concerne le temps et les saisons.
On connaît à ce propos les reports traditionnels des douze premiers jours du mois de janvier sur les douze mois de l’année ; les entrelacs et interférences avec la fête de l’Epiphanie au 6 janvier ; les augures des aurores, des aubes et des matins, comme nous le découvrons dans ces dictons bien connus de nos jours encore :
« Au premiè de l’an, lu giou creissoun d’un pas d’un can. » (Au premier de l’an, les jours augmentent du pas d’un chien)
« An claret, an frùchié » (An clair au matin, année fruitière)
« Se cala de nèu, lou proumié de janvié auras de blad en lou granié » (S’il tombe de la neige le premier janvier, tu auras du blé dans ton grenier)
« Tai de l’an en aigai, ten lest lou dai ! » (Rosée au début de l’an présage faux laborieuse)
« Annada de gragnola, n’as proun d’un bola » (Année de grêle, il te suffit d’un bol, d’une écuelle)
En cette période propice à la divination, observons donc le ciel avec circonspection pour qu’il nous livre une part de cet avenir dont chacun dispose heureusement à sa façon.