Le tourisme dans le passé de St Laurent
Remontons le temps et retrouvons Saint-Laurent-du-Var tel qu’il était décrit aux premiers touristes qui hantaient la Côte voici un peu plus d’un siècle.
Paul Joanne, dans les guides Diamant de 1880, parle en ces termes de la découverte du site :
» Après Cagnes, le chemin de fer traverse en direction de l’est, une campagne toute plantée d’oliviers, puis franchit le Var sur un magnifique pont viaduc de 6 arches ayant chacune 55 mètres d’ouverture dont les piles ont été fondées dans le sable à 9 mètres de profondeur, par le procédé des cloches à air comprimé. Les travées en fer s’élèvent de 10 mètres et 50 centimètres au-dessus de l’étiage. On a laissé à l’une des culées une large échancrure pour le passage de la route d’endiguement. La route de terre passe également sur le pont viaduc.
La station du « Var » dessert Saint-Laurent-du-Var (vins muscats renommés ; scieries importantes) village de 752 habitants, bâti, au bord de la rivière dont il emprunte le nom, sur une terrasse de cailloux.
Saint-Laurent a remplacé une ville romaine, dont l’emplacement était occupé en partie, depuis le moyen âge, par l’hôpital monastère d’Agrimont, souvent pillé et incendié. Saint-Laurent surveillait autrefois la Frontière avant la réunion du Comté de Nice à la France. »
Quatre ans plus tard Amédée Goubet dans ses « Stations sanitaires de la France, Résidences d’été » précise : « Saint-Laurent-du-Var que l’on aperçoit du pont du Var, brillant au soleil sur la rive droite du Var, à un kilomètre de la mer, et sur l’ancienne route de Nice à Antibes, est une charmante localité dont les environs se revêtent de jolies villas et où l’on récolte le vin muscat.
L’élévation du sol de cette campagne couverte d’une culture abondante lui constitue un climat salubre et doux, malgré la proximité du lit marécageux et du courant réfrigérant du Var. »
En 1931, le syndicat d’initiative et d’intérêt local publie lui aussi son guide, Saint-Laurent-du-Var est passé de 1500 habitants en 1914 à 3215 en 1926, il accueille alors 4112 habitants ! Son visage contemporain s’affine.
Si l’on rappelle « sa situation privilégiée et son climat tempéré, où le brouillard et l’humidité n’existent pas, où les pluies sont très rares, la température n’y descend pas au-dessous de zéro et n’atteint que très peu souvent 25 degrés en été. » On met désormais l’accent « sur les nombreuses commodités que l’on y trouve. » « L’eau claire et potable, qui y coule en abondance…L’électricité et le gaz y sont installés. Les commerces variés qui y sont exploités offrant toutes facilités d’achats. »
Mais il est toujours question des « raisins de table, notamment à récolte tardive (Servan) qui tiennent également une grande place dans ses ressources agricoles et se cultivent en particulier sur les coteaux des Montaleigne et des Pugets qui donnent aussi d’excellents raisins de vendanges dont les vins préférés de « Madame de Sévigné » peuvent rivaliser avec les meilleurs crus de France. »
Déjà l’horticulture se développe ajoutant un fleuron de plus à la commune.
« Fleurs coupées (roses, oeillets, giroflées, etc…) pour l’exportation ainsi que l’oranger à fleur pour parfumerie, font de Saint-Laurent-du-Var un des principaux pays producteurs. »
Vantant ses charmes en anglais et même en espéranto, Saint-Laurent, se veut accueillante : « En un mot, la charmante localité Saint-Laurentaise constitue un véritable faubourg fleuri de la grande et somptueuse ville de Nice, chargée de saluer à ses portes, gracieuse et accueillante, les touristes émerveillés, heureux de s’y arrêter et d’y séjourner. »
EDMOND ROSSI