La fière devise de Saint Laurent du Var
Par un acte d’habitation et d’emphytéose (1468), Raphaël Monso – évêque de Vence – installe 35 familles venues d’Oneglia en Ligurie italienne, pour repeupler Saint-Laurent « déshabité ». Ces derniers devront désigner des gueyeurs chargés d’assurer le passage gratuit du Var, aux voyageurs et à leurs bagages.
Ils tiendront également six lits à « l’hôpital » pour héberger les hôtes de passage. En 1471, Saint-Laurent compte 149 habitants répartis en 23 feux. On y cultive le blé, le lin, le chanvre, quelques figuiers. On y élève surtout des ovins et caprins. Des salines sont exploitées en bord de mer.
La communauté, après des démêlés avec l’évêque de Vence, se dégage de la servitude de l’hospice et du bac gratuit. Cette tâche reviendra en 1480 à des religieux et ce jusqu’au XVIIIe siècle. Devenu l’hôpital Saint-Jacques en 1668, l’hospice offre un dortoir de quatre lits et deux chambres à un lit.
Une barque permet de traverser le gros bras du Var. Une convention de 1758 confie la traversée du Var à un entrepreneur privé qui recrute ses gueyeurs selon de sévères critères moraux. En 1763, l’anglais Smolett et en 1775 le suisse Sulzer détaillent dans leurs carnets de voyage le pittoresque franchissement du Var à gué.
La vie morale des laurentins est encadrée avec rigueur dès 1306 par des confréries de pénitents. Néanmoins, une affaire de murs assez trouble scandalise la petite communauté en 1700, mettant en cause le prieur Honoré Geoffroy, son secondaire, quelques gradés de la garnison et une certaine dame Léon. Il sera question de gais lurons regroupés dans la « confrérie de Méduse » ! Forte personnalité, Honoré Geoffroy, gracié, épargnera à deux reprises Saint-Laurent des exactions de la soldatesque savoyarde (1704).
Une famille du lieu, les Pisani, rachète les droits seigneuriaux de l’évêque de Vence en 1698. Ils seront seigneurs de Saint-Laurent jusqu’à la Révolution. La communauté laurentine demande en 1696 son inscription à l’Armorial de France. Les armoiries sont ainsi définies : « « De gueules au gril d’argent, la poignée en chef, accosté des deux lettres L et S d’or. » devise : Digo li que vengon (en provençal : dit leur qu’ils viennent) La fière devise de la petite cité sentinelle sonne comme un défi à l’égard de ses agresseurs potentiels.
Ainsi représentées les armoiries de Saint-Laurent-du-Var définissent une symbolique particulière : gril blanc sur fond rouge, encadré d’une branche de chêne et d’olivier, symbolisant la sagesse, la force et la paix. Le gril rappelle le martyr du saint, brûlé vif par les Romains, sur cet ustensile chauffé à blanc.
Les deux lettres L et S signifient Laurentus (Laurent) et Sanctus (Saint) en latin.
EDMOND ROSSI (http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com)